Déchiré – 1986
John Batho lors du vernissage à Deauville Juin 2015
Quand le Musée de Normandie au Château de Caen m’a conviée en avant- première à la visite de Presse pour l’exposition John Batho, j’ai lâché tout de suite mes casseroles pour cet événement. Vous savez que j’aime la couleur et les couleurs mêmes quand elles ne se mangent pas… Dans le cadre du Festival TousImpressionistes qui vient de débuter, notre région organise 450 événements jusqu’en septembre prochain. L’été denier John Batho, avait accroché sa série « Plages de couleurs » à Deauville au Point de Vue à proximité des célèbres planches… J’avais vraiment été conquise par son travail exposé tout près du lieu de ses prises de vue, visite inondée par la lumière de la plage, un régal pour les yeux …
John Batho est entré en photographie en 1961 et a choisi depuis 1963 d’associer la photo d’Art à la couleur. Celle-ci était jusque là réservée à la publicité, la mode et les photos de famille. Cette exposition présente huit séries de photos, certaines inédites, accrochées par ordre chronologique mettant en scène la synergie entre les lieux et les couleurs…
Le Musée de Normandie offre pour cette exposition un bel espace, une lumière idéale, permettant un accrochage et une scénographie véritablement réussis.
Laissez-moi vous donner un aperçu de cette exposition à visiter de toute urgence !
Toutes mes excuses à l’artiste : les photos de photos ne peuvent rendre tout à fait l’émotion qu’elles dégagent quand on leurs fait face…
1 – Normandie Intime 1962 -1978
Je me suis arrêtée sur « cette nature morte » presque vivante… On a l’impression que quelqu’un va pousser la fenêtre et s’emparer de la baguette de pain ! J’adore la lumière de ce cliché…
La cuisine n’est jamais loin, on a déjà envie d’une bonne soupe au chou persillée…Les tons froids sont baignés de chaleur…
Voir son reflet dans une glace, l’enfance c’est se découvrir …
2- Honfleur, couleur locale 1967-1972
Le marché de Honfleur que je fréquente de temps à autre. Les trois bottes de radis pour deux francs !
Honfleur est un lieu de couleur : brume, hiver, ardoise, vase, ruelles…
Petits moments de la vie quotidienne honfleuraise
Avoir du temps, aujourd’hui on en rêve !
Il parait qu’il faut juste savoir le prendre.
J’ai tout de suite pensé à ce poème …
« Ô temps suspend ton vol ! »
Le lac – Lamartine (Méditations Poétiques 1820)
3 – Giverny, 1980 -1984
John Batho a observé et photographié le clos et l’étang de Giverny durant trois années au fil des saisons…
« La photographie c’est la lumière, la couleur y est attachée… »
« La photographie est éclairée par la couleur qui est comme une main agissante… »
John Batho
On peut ainsi voir ou revoir ce lieu magique sans être coincé par une horde de touristes…
J’aime beaucoup ce cliché avec la végétation du premier plan qui va sortir du cadre et la vision dans la brume du célèbre petit pont de bois… On est ailleurs …
4 – Nageuses, 1990
« Le bleu, l’eau, le ciel… Nager ou voler, regarder derrière les apparences… » John Batho
Vous pouvez avoir une idée de la scénographie très aérée de cette exposition, magnifiquement éclairée sans reflets… Les clichés sont volontairement dépourvus d’encadrements…
5 – Déchiré, 1986
Intriguer le spectateur pour apercevoir un paysage dont la couleur lui est complémentaire…
Petit rappel : le vert ( jaune + bleu ) est complémentaire du rouge.
Cela m’a fait pensé à un rideau de théâtre cachant un spectacle à venir …
Le rouge et le vert m’inspirent souvent de jolies assiettes en plein été !
6 – Parasols, 1977 – 2011
Avec ce travail de John Batho on oublie les alignements et les noeuds des parasols pour privilégier les palettes de couleurs qui deviennent elles-mêmes des formes dans un décor composé par le ciel, le sable et la présence lointaine de la mer…
J’aime beaucoup ses rideaux froissés qui descendent du ciel, on devine alors les actions du vent, de la pluie et du soleil sur les toiles dont les tons se patinent en beauté…
7- Nuages Peintures, 1998 -1999
Comment peindre des nuages ?
Pour éviter un encadrement rectiligne qui ne sied pas à l’évanescence des nuages, John Batho peint une trace informelle, la photographie permet de créer une réserve noire pour y inscrire la photo de ciel. Ces fragments de ciels qui ont pour particularité de bouger, se trouvent immobilisés entre la peinture et la photographie… Impressionnant !
On est vraiment face à une oeuvre picturale.
« Photographier, pour ne pas exprimer forcément le réel . »
John Batho
8 – Sur le sable, 2004 – 2009
En opposition à la série sur Deauville plus esthétique, celle-ci est photographiée depuis la digue de Cabourg au moment où le soleil est au zénith. Les vacanciers forment eux-mêmes un décor vivant désordonné et coloré… Les prises de vue en plongée ont duré à chaque fois une quarantaine de minutes à l’heure de midi…
« Sur la plage on ne pense à rien et on regarde au loin. »
John Batho
Je vous laisse avec cette jeune femme qui était déjà « Impressionniste » lors de l’exposition de Deauville !
Merci à elle…
N’oublions pas au Musée des Beaux-Arts de Caen l’exposition dans le cadre de ce même Festival Tous Impressionnistes : Frits Thaulow Paysagiste par nature un peintre norvégien à découvrir…
En vous recommandant « couleureusement » cette exposition, je vous laisse avec de John Batho qui est définitivement pour moi, un « Peintre-Photographe ».
« La photographie m’aide à comprendre pourquoi je m’émerveille encore de la couleur d’un ciel bleu, du jaune d’un parasol, du rouge d’une banderole. »
John Batho
A très vite, avec dansmonpanierrouge.com !
Super les photos! J’irai voir l’expo!
Merci ! Tu verras c’est encore mieux en vrai ! ;-)